BIZIEN Marcel-Yves
Marcel-Yves Bizien est né le 30 novembre 1920
à Neuville-lès-Dieppe
(Seine-Inférieure) - (Seine-Maritime depuis
1955).
Il est originaire de Brest (Finistère),
où vit sa famille. Après son Certificat
d'Etudes Primaires, il entre à douze ans au
collège de Dieppe, mais les années
passées là ne le confortent pas dans la
poursuite d'études secondaires. Il entre donc comme
apprenti chez un électricien qui fait
également la réparation de bicyclettes et de
vélomoteurs. La mécanique lui plait beaucoup
et la vitesse commence déjà à le
griser. A quinze ans, il pousse à fond sur la route
du Tréport les vélomoteurs en
réparation chez son patron et est fier d'annoncer des
pointes de soixante quinze à l'heure. Demeurant sur
la hauteur nord de Dieppe, il descend à tombeau
ouvert jusqu'au faubourg du Pollet sur sa bicyclette, aussi
un jour en voulant éviter un enfant, il fait un saut
périlleux qui le laisse " groggy " sur le sol, le
visage tuméfié. Il lui faut aller à
l'hôpital et plusieurs points de suture sont
nécessaires pour lui recoudre la lèvre.
A l'age de dix-sept ans, c'est l'automobile qui
commence à le taquiner. Le dimanche matin, il
s'occupe de l'entretien de la voiture d'une personne de
connaissance. Afin de vérifier que tout fonctionne
bien, il fait un petit tour, ce qui est surtout pour lui
l'occasion de se griser de vitesse, et une anecdote le
prouve bien. La nuit était tombée et un
brouillard épais barrait la route. Au volant, Marcel
n'en tenait pas moins une vitesse de quatre vingt-dix
à l'heure. Comment se guidait-il ? Tout simplement
quand il venait trop près du trottoir, par le jeu des
roues frottant les bordures en grès
Il ne dut
qu'à la présence d'esprit d'un
garde-barrière qui lui ouvrit le passage à
niveau in extremis, de ne pas terminer là sa
carrière.
Passionné par l'aviation, il s'inscrit à
la section d'Aviation populaire de l'aéro-club de
Dieppe, dès que celle-ci est fondée. Tous les
jours, il suit les cours et s'entraîne au terrain
d'aviation. Il étudie le matin avant d'aller
travailler et le soir étudie à nouveau,
parfois jusqu'à plus de minuit.
Après la déclaration de guerre de
septembre 1939, l'école de pilotage de la section
d'Aviation populaire de Dieppe fait savoir à ses
élèves que l'armée de l'Air demande des
pilotes volontaires. Marcel-Yves Bizien, qui n'a pas encore
dix-neuf ans, fait tout pour partir mais son père ne
veut pas lui donner son consentement. Enfin, à force
d'obstination, Marcel obtient quand même ce qu'il
désire ardemment et son père signe
l'engagement de son fils mineur.
Marcel-Yves Bizien part le 10 octobre 1939 à
Bernay, où il a le plaisir de retrouver
l'adjudant-chef Bastié, son chef pilote de
l'aéro-club de Dieppe. Après avoir
été lâché sur Caudron Luciole, il
s'entraîne sur Potez 60 et suit les cours du capitaine
Lacasse.
Les événements se précipitant, il
part de Bernay le 9 mai 1940, pour le camp de Meucon
près de Vannes, où il arrive le 22 mai, puis
rejoint l'Ecole de Pilotage n° 23 de Morlaix, où
il arrive le 12 juin. Devant la progression de
l'armée allemande, le 18 juin, il part de Morlaix en
camion pour Douarnenez avec 114 élèves des
écoles 23 et 27. A Douarnenez il embarque à
bord du " Trébouliste ", langoustier appartenant au
patron-pêcheur François Lelguen, à
destination de Falmouth, en Angleterre.
Il signe un engagement dans les FAFL (Mle n°
30203) le 21 juin 1940, jour de son arrivée sur le
sol britannique. Il prend le pseudonyme de James Welker,
mais devient surtout connu sous le prénom d'Yves
qu'il utilise en Angleterre. Il reprend son
entraînement dans les écoles de la RAF.
Après quelque temps, il obtient son brevet de pilote.
Il est instructeur en 1942, mais est déprimé
par sa vie monotone, car son désir est de prendre
part aux combats.
A cette époque, des pilotes français
sont recrutés pour combattre sur le front de l'Est.
Yves Bizien se porte volontaire. Promu aspirant, il embarque
à Liverpool en août 1942. Après
plusieurs jours de navigation, il débarque à
Lagos au Nigéria. Ensuite, après un long
périple à travers l'Afrique, il arrive au
Caire le 2 octobre 1942, puis à Téhéran
le 18 novembre. C'est ainsi que Yves Bizien fait partie du
groupe des premiers pilotes du G.C.III " Normandie " qui
arrive en Russie le 28 novembre 1942.
Après une période d'entraînement
sur Yak 7, Yves Bizien peut enfin participer à
l'action, alors que débute le 22 mars 1943, la
première campagne de " Normandie ".
Le 13 avril 1943, au cours d'une mission de chasse
libre, Yves Bizien connait son premier engagement avec la
chasse allemande. Un combat aérien s'engage entre six
Yak 9 et huit Fw 190, dans le secteur de Spass-Demiansk.
Yves remporte sa première victoire aérienne,
qui hélas, sera aussi la dernière. En effet,
quelques secondes après, il est lui-même
mortellement atteint. Il disparaît à
l'intérieur des lignes allemandes, où son
avion s'écrase. Yves Bizien devient le premier mort
de " Normandie ".
Malheureusement, Yves fut probablement
identifié par ses papiers en partie
carbonisés, et considéré par les
Allemands comme un franc-tireur. En représailles, sa
famille fut arrêtée à Dieppe, le
même jour, fin septembre 1943. Ses parents et ses deux
frères furent conduits à Bonne-Nouvelle la
prison de Rouen, où ils restèrent trois mois,
puis à Compiègne pendant un mois. De
là, sa mère fut dirigée sur
Ravensbruck; son père et ses deux frères sur
Buchenwald. Sa mère, Hélène Bizien,
mourut le 19 décembre 1944; son père, le 9
février 1945, et son frère Albert, trois jours
plus tard. Seul son frère André a
survécu à la déportation.
Porté disparu et déclaré " Mort
pour la France " en opération aérienne,
Marcel-Yves Bizien totalise 353 h 35 de vol et 25 missions
de guerre.
A titre posthume, il a reçu la Médaille
militaire et a été cité à
l'ordre de l'Armée aérienne.
Une rue de Neuville-lès-Dieppe porte le nom de
" Rue Aspirant Bizien ".
Médaille Militaire
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